Ici, le point commun n’est pas un point, justement, mais un trait. Un trait d’union. Une ligne, qui aussitôt se prolonge, pousse par le milieu, se dédouble et se multiplie. Lignes des trajectoires, des chaînes et des trames, lignes de mire, de rêverie, de mélodie ou d’écriture… Et de dessin, bien sûr, car « dessiner », selon Paul Klee, « c’est suivre une ligne qui est partie en promenade », et le trait qui prend son essor devient trace et tracé, contour d’une existence. L’Oiseau-Lignes est comme une danse à distance entre dimensions différentes. Entre la verticalité abrupte d’un tableau noir et l’horizontalité d’une barre blanche oscillant au-dessus du plateau. Entre les mouvements visibles d’un corps et la musique qui semble les envelopper, les retranscrire, les relancer. Ou entre la légèreté d’une épure abstraite et un jeu très concret avec le danger... Chloé Moglia a fait une école de cirque pour pouvoir, dit-elle, continuer à grimper aux arbres. Mais le trapèze n’a jamais été pour elle, au même titre que les arts martiaux, qu’une étape ou un moyen de défendre « une pensée incarnée », nouant le sens et le sensible. La loi de la gravitation, le vertige et le risque au-dessus du vide, la fragilité des équilibres qui parfois ne tiennent qu’à un souffle, sont autant de ressources dont elle joue pour nous faire partager son « exploration singulière de la suspension » et en tirer « comme une combinaison du poids et du rêve ». Depuis le sol, Marielle Chatain l’accompagne, réinventant à chaque fois une partition qu’on sent traversée d’envols, de vibrations et de tourbillons, foisonnantes lignes de vie.
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- Cirque
- Art et spectacle
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