« Le tempérament de chaque personnage », confie Philippe Boesmans, « s’exprime avant tout par sa ligne vocale. » Le compositeur belge ajoute qu’il en prit pleinement conscience lorsqu’il fut chargé d’orchestrer Le Couronnement de Poppée pour l’Opéra de la Monnaie : l’exemple de Monteverdi acheva alors de le persuader que l’art lyrique exige de chaque figure qu’elle soit porteuse d’une voix singulière. Cette voix peut d’ailleurs évoluer en fonction du mouvement dramatique. Julie, séductrice et dominatrice, attaque son rôle en développant un style plutôt orné, mais à mesure qu’elle aborde un registre plus sincère, son chant gagne en dépouillement. Le baryton de Jean, son domestique, traduit tour à tour sa jeunesse, sa veulerie, mais aussi la frustration qu’induit son infériorité sociale, tandis que le soprano de Kristin, son épouse, fait rayonner le jeune « soleil du matin »… Avec l’aide de Luc Bondy et de Marie-Louise Bischofberger, qui ont fait profiter le livret de leur profonde expérience théâtrale, Boesmans a tiré de la pièce de Strindberg un classique contemporain en un acte, un combat psychologique qui renoue avec le plaisir d’une musique expressive, au service de la narration et d’émotions enracinées sur l’expérience de « sentiments humains ».
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